Vendredi
26 mai 2006,1h00 heure légale – Jeudi 25 23h00 TU
Position :
Lat 47°06 Nord ; Long 2°07 Ouest
Phil’s
se pose tranquillement sur le catway alors que la première heure de la journée
de ce 26 sonne au clocher de vielle ville de Pornic !
Ca
y est, nous voilà arrivés ! Un peu changés, certainement, mais
complètement conquis par l’aventure.
L’heure
du bilan n’a pas sonné, il faudra attendre quelques temps avant cela. Mais
déjà, la satisfaction et les souvenirs de petits moments extraordinaires ont
balayé d’un trait le confort relatif et les quelques petites tracasseries du
voyage.
Ces
derniers milles nautiques ont été marqués par de la bruine et la grisaille, qui
contrastaient avec mon humeur : ni nostalgie du voyage ni envieux que cela
cesse, je ressent simplement l’envie d’aller de l’avant, du bonheur de
retrouver la terre sans qu’il n’y ait l’envie de quitter le bateau. Le doute,
pendant toute la traversée, n’a jamais eu droit de citer. Tout était simple,
parfois fatiguant mais simple et sain !
En
guise de conclusion à cette transat, je reprends un mot de l’écrivain et marin
Hervé Hamon publié en préface de l’almanach du marin breton 2005, qui dit mieux
que je ne pourrais le faire ce qui se cache derrière le besoin de prendre le large :
« Loin
et large,
Ce
n’est pas un hasard s’ils parlent du large, les navigants.
Etre
« au large », prendre « le large »…
Cela
n’est pas seulement le « loin », le large.
Ils
savent bien, les marins, que la terre se désagrège rapidement, que la mer seule
fait le tour du monde, que l’infini perceptible n’est qu’une parcelle assez
misérable de l’étendue offerte, constamment renouvelée. Que la route n’est
jamais droite mais oblique, dérivante, estimée. Bref, que « loin »
n’a pas grand sens. On est toujours loin, ça dépend de quoi.
Alors
ils ont choisi un autre mot, pour dire l’horizon. Un mot qui n’exprime pas
seulement la distance mais l’ouverture du compas. Un mot signifiant que ce n’est pas assez de regarder droit devant
soi, mais qu’il faut encore élargir le regard, considérer l’étendue sur 360
degrés : le large.
Imaginer
qu’il existe, le large, qu’il est inépuisable, c’est admettre que partout, sur
cette planète, on est ailleurs. Et que, quand bien même on prendrait
Washington, Paimpol, Pékin ou Douarnenez pour le centre du monde, le centre du
monde est insaisissable.
Tel
est le notable privilège de ceux qui sont nés dans un port, ou qui ont cheminé
vers le rivage : ils ne sont pas dupes de leur petit canton, fût-il
grand. »
Merci
pour votre présence, fût-elle ‘électronique’ et vos encouragements tout au long
de ce petit mois.
Bon
vent !
Pierre